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Shoot the stars
4 février 2011

Tout ce qui brille

J'ai décidé de devenir riche, très riche.

Ca m'a pris comme ça, d'un coup, au réveil.

J'ai fait le point: j'ai dans mes contacts la Comtesse Andrews et Sir Mac Cormick. 

Ca, c'est le premier lot, le top ten des grosses fortunes. 

A eux deux, ils peuvent racheter le royaume du Danemark.

J'ai ensuite tout ce qui découle de ça: les amis riches de la Comtesse et de Sir Mac Cormick.

Leurs amis ont une fortune qui se chiffre en millions.

J'en compte dix (couples donc vingt potentielles proies, du moins dix-neuf trois quarts car la femme d'un de mes clients a perdu un bout de bras il y a des années, ils lui ont greffé un avant-bras en métal, elle y a rajouté quelques ornements précieux histoire d'égayer le membre).

Je suis respectée, c'est le plus important.

Mes clients ont confiance en moi, ils savent parfaitement qu'ils ne risquent rien.

Certains m'ont déjà hébergé durant des jours dans leurs demeures pour garder le toutou à domicile durant leurs vacances à Aspen.

J'ai tout gagné, à savoir au moins une chose et pas des moindres: la confiance.

J'utilise leurs cartes de crédits (pour régler leurs achats bien sûr, pas les miens, pas encore du moins...), je dors parfois dans leurs draps, j'ai un double des clés de certaines maisons.

Que puis-je tirer de tout ça ?

Une immense fortune bien sûr !

Pour se faire, je dois devenir plus amicale, moins sauvage.

On m'a déjà proposé de venir dîner, d'assister à des après-midis au Country Club...

J'ai toujours refusé, par pudeur ou par fierté, je ne sais trop.

Après tout, en quoi une fille comme moi issue d'un milieu modeste et n'ayant pas le physique d'un top model pourrait leur apporter quelque chose ?

Et si tout ça changeait ?

Je suis suffisamment bien payée pour m'acheter de beaux vêtements, si ce n'est qu'une question d'apparat.

J'ai contacté Ely, la maîtresse de Nuage, vous savez, cette adorable bête qui doit impérativement être promenée seule pour ne pas être influencée par les mauvais esprits de la bande ?

J'ai prétendu avoir égaré une clé et ai demandé à Ely si elle ne l'avait pas vu, étant donné que j'y étais passée l'avant veille pour prendre le chien.

Ely est une femme de la haute, profondément seule.

Elle est magnifique, la cinquantaine, elle a donné deux beaux enfants à son mari qui font de prestigieuses études au bout du monde.

Elle s'est retrouvée seule dans sa grande maison du jour au lendemain.

Des amis, elle n'en a plus beaucoup.

Ils ont trop "changé" m'a t-elle dit un jour, ils se sont trop embourgeoisés.

Elle s'ennuie, il lui manque cette petite "flamme" qui lui redonnerait le goût de vivre.

Je vais lui rallumer sa flamme moi, et je vais pas y aller avec le dos de la cuillère.

Comme je m'y attendais après mon appel, elle m'a proposé de venir boire le thé (son occupation favorite).

Nous avons commencé à parler de choses et d'autres et je me mise à lui poser des questions sur certaines marques de vêtements: "Vous savez, je voudrais vraiment me faire plaisir mais je ne pense pas assez à moi. Je passe mon temps à dépenser pour les autres alors que je ne roule pas sur l'or mais dès qu'il s'agit de moi, c'est comme si je n'y arrivais pas. C'est terrible d'être aussi généreuse pour les autres et aussi pingre pour soi. Je vais bientôt avoir 27 ans, je fais fuir les hommes, je me dis que si je m'offrais une belle robe, peut-être que ça me redonnerait un peu de joie de vivre ou ça attirerait le regard d'un homme..."

Emue, elle m'a pris la main: "Ma chère, voudriez-vous venir avec moi faire du shopping ?"

- Ca me ferait très plaisir, ça serait un peu comme une après-midi entre amies ?

- Oui ! Exactement !

Ely a demandé à son vieux chauffeur de nous déposer chez Chanel.

Gênée, je lui ai avoué: "Vous savez, je ne pense pas avoir le budget pour ce genre de magasins. On a qu'à aller chez Tati ?"

Ely m'a entraîné dans la boutique et j'ai essayé une dizaine de robes, toutes plus belles et chères les unes que les autres.

A la fin de l'essayage, elle m'a demandé laquelle je préférais.

J'ai lâché: "A vrai dire, c'est dur de choisir. Elles sont toutes si belles..."

Ely en a choisi trois, celles qu'elle préférait et m'a tout payé.

J'ai refusé (pas très longtemps).

La note ? Hum, presque 3000 euros.

Mais après tout, qu'est-ce que ça signifie pour celle qui dépense chaque jour le quintuple ?

C'est comme si elle participait à l'opération pièces jaunes.

Je me sens comme dans Pretty Woman, sauf que je ne ressemble pas vraiment à Julia et qu'Ely joue Richard Geere mais après tout, on s'en fout !

Ely m'a traîné chez un créateur de chaussures et m'a payé une paire superbe d'escarpins que je ne porterai jamais vu qu'il y a un talon de dix centimètres.

Quand je marche, on dirait King Kong. Mais après tout, là encore, qu'est-ce qu'on s'en fout !

Je crois qu'Ely est en train de faire un transfert d'émotion sur moi, elle me parle de sa jeunesse difficile de fille unique vivant dans un château en Bourgogne, de ses premiers amours qui lui ont piétiné le coeur, des illusions perdues au fil des années, blablabla, bref très émouvant.

J'écoute ce qu'elle me dit tout en lui souriant, comme si je comprenais tout ce qu'elle voulait me dire.

Je me demande quel "seuil" de dépense elle s'est fixée pour moi mais ça n'a pas l'air de lui tarauder l'esprit.

Je me sens mal (vite fait) d'abuser de sa solitude mais en même temps, je ne la force à rien, non ?

Je finis par lui dire que je suis gênée, qu'on ne m'a jamais offert autant de choses de valeur, que c'est le plus beau jour de ma vie (j'ai souvent dit ça enfant, en trouvant une pièce par terre).

Elle rie en me tenant la main: "Profites-en au lieu de t'excuser. S'excuser est une erreur. Une femme ne doit pas demander pardon ni ressentir de gêne. Tu dois t'affirmer, te sentir belle et te dire que si les gens font ce genre de choses pour toi, c'est parce que tu le mérites."

C'est officiellement le plus beau jour de ma vie et je suis à présent sûre que Richard Geere vit en Ely.

Je n'ai pas pu me retenir et j'ai balancé comme ça, d'un coup, comme un rototo qui m'aurait échappé: " Je t'aime aussi."

Ely a rougi et nous avons décidé de rentrer inopinément après cette phrase déplacée et angoissante.

Ely m'a déposé devant chez moi.

Pensant notre amitié ruinée à tout jamais, je suis sortie de la voiture et elle m'a dit: "Je t'ai fait plaisir, à toi de me rendre la pareille. Demain, mon fils aîné Andrea va rentrer à la maison, après six mois passés à Harvard. Il ne va pas très bien. Son amie l'a quitté, il a un terrain dépressif, comme son père. Il abuse des médicaments et de l'alcool ces temps-ci, ses notes ont chuté, il a eu des blâmes à Harvard. Nous lui avons ordonné de revenir pour la semaine, il faut qu'il se repose et voit de nouvelles têtes. Je serai ravie de te voir demain soir, tu parleras avec lui."

- Eu... D'accord.

Putain, quelle poisse ! Voilà le prix à payer pour se faire entretenir !

En plus, son fils est moche, y a des photos de lui partout dans leur maison.

On dirait Harry Potter, la même coupe de cheveux, les mêmes lunettes rondes, le même regard vide.

Bon ben allez, courage, de toute façon j'ai déjà eu ma soirée pourrie avec James hier, ça ne pourra pas être pire demain...

 

 

 

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  • La vie quotidienne vue depuis le télescope de Rose, future trentenaire dont la vie est rythmée par les échecs amoureux, son travail de promeneuse de chiens pour riches dont la concurrence devient rude et surtout, qui a une vision de la vie bien à elle...
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