Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Shoot the stars
19 février 2011

Ti amo Italia

Je rentre juste de voyage avec James, un voyage improvisé suite à notre dernière rencontre.

On a décidé sur un coup de tête de prendre le premier vol disponible à l'aéroport après notre dîner.

La destination ?

Rome.

J'y étais déjà allée mais James, non.

On a trouvé sur place une petite auberge familiale en plein centre de Rome, à deux pas du Colisée.

Vous pensez que tout ceci est romantique ?

Ca aurait pu, si James et moi étions sortis ensemble mais rien de tout cela ne s'est produit.

Quand nous nous sommes revus le lendemain de son texto enflammé où il me faisait comprendre qu'il était attaché, nous avons fait preuve tous deux d'une grande timidité, c'est comme si on ne s'était jamais vus, comme s'il fallait tout recommencer.

Cette soudaine distance était franchement pénible.

On était mal à l'aise, comme si on ressentait tous deux cette pression désagréable de devoir s'avouer nos sentiments là, de suite, maintenant.

On est restés assez silencieux durant le dîner afin de ne pas avoir de comptes à se rendre.

A la fin, James commençait à ne plus tenir en place.

Il regardait sa montre et se grattait le cou.

Il a alors suggéré, comme pour mettre fin une bonne fois pour toutes à tous ces silences pesants: "Et si on partait ? Là, maintenant, on file a l'aéroport et on prend le premier vol qu'on trouve."

J'étais choquée.

Des tas de questions m'ont traversé l'esprit: "Mais on n'a pas de bagages ! Comment je vais survivre sans des dizaines de vêtements de rechange ? Sans mon lait démaquillant et mon labello ?"

S'apercevant bien de ma panique, James m'a déposé chez moi pour que je réunisse quelques affaires, voilà ce que je déteste le plus au monde: avoir dix minutes pour réfléchir à un sac d'une semaine.

Je me suis dit que si j'y passais trop de temps, il allait trouver ça suspect ou penser que je suis une vieille mémère paniquée ayant besoin d'une journée pour remplir un petit baluchon.

C'est le cas !

Constituer un bagage digne de ce nom en quelques minutes n'est pas envisageable pour moi.

Il y a trop de choses que je veux emporter, j'ai toujours peur de manquer.

J'ai réuni un maximum d'affaires que j'ai tassé dans un gros sac à dos, j'ai balancé dedans tous mes produits de beauté ainsi que trois paires de chaussures et j'ai rejoins James.

Dans la voiture, alors que nous roulions vers l'aéroport, je me suis rendue compte que je n'avais pas coupé le gaz ni fermé les volets, et pire que tout, mon chat préféré était resté enfermé à l'intérieur !

Ne voulant pas infliger à James un énième demi tour, j'ai appelé ma soeur qui a mon double de clé en la suppliant de venir régulièrement voir le chat.

Heureusement, elle a dit oui, je sais qu'elle s'en occupe toujours bien.

"Ouf, je vais enfin pouvoir me détendre" pensais-je.

J'étais loin d'imaginer la suite.

Arrivés à l'aéroport, on a eu la chance d'embarquer deux heures plus tard pour Rome.

Dans l'avion, on n'a pas échangé un mot.

James somnolait à moitié.

Des tas de questions ont commencé à germer dans mon esprit: "Pourquoi tu es dans cet avion avec ce type que tu connais à peine ? Tu as des impératifs à Paris, tu vas devoir appeler tous les maîtres des chiens que tu dois promener cette semaine pour tout annuler, que leur diras-tu pour justifier ton absence d'une semaine ? Et que va penser ta soeur ? Elle va t'assaillir de questions à ton retour et te fera la morale."

Extrêmement stressée, j'ai passé tout le vol à cogiter en observant James et en réalisant que je n'étais absolument pas sûre de mon coup.

Arrivés à Rome, on a décidé de dormir à l'hôtel de l'aéroport.

Il était très tard pour prendre un taxi et trouver un hôtel correct.

A la réception, une dame nous a demandé: "One room or two ?"

Bonne question.

J'ai répondu de suite: "Two. Or one with two beds."

James n'a rien dit, il a baissé les yeux.

Dans la chambre, on s'est rapidement glissés dans nos lits respectifs et on s'est endormis en silence.

Quand je me suis réveillée le lendemain, James n'était plus là.

J'ai regardé l'heure: midi.

Forcément...

Je me suis précipitée dans la douche, je me sentais moche et nulle.

J'ai essayé de trouver une tenue correcte et j'ai réuni mes affaires.

Une heure s'est écoulée, James n'était toujours pas revenu.

J'ai décidé de l'appeler mais je suis tombée sur son répondeur.

Inquiète, j'ai décidé de descendre dans le hall pour jeter un oeil.

Personne.

Je l'ai soudain aperçu à l'extérieur, fumant une cigarette avec un jeune homme plutôt beau gosse.

Je les ai rejoins, manifestement je gênais.

James a bafouillé: "Hey ! Je te présente Umberto, il travaille ici. On se parle en anglais car je suis nul en italien. Tu as bien dormi au fait ?"

- Oui... T'es levé depuis longtemps ?

- Oui. Depuis 8 heures du matin.

- Bon... On bouge ?

- Eu... Ok, va à la chambre, je te rejoins.

Putain, ça commence bien, ne me dites pas que James est de la jaquette !

Il dévore ce type des yeux et semble assez importuné par ma présence, ça sent le sapin.

Dans la chambre, j'ai fait les cent pas en me disant qu'il valait mieux rentrer à Paris aujourd'hui et ne pas perdre mon temps avec cet abruti.

Il a déboulé dans la chambre avec un sourire radieux en m'annonçant fièrement: "Et voilà ! J'ai tout ce qu'il nous faut. Umberto m'a donné l'adresse de l'auberge à ses parents, en plein centre ville. Il m'a même dit de demander "Otto" au niveau des taxis, qu'il nous y conduirait pour pas cher. J'ai toute une liste des meilleurs restaurants de Rome et de tout ce qu'on va pouvoir faire en une semaine."

J'étais embêtée d'avoir eu ce genre de pensées sordides au sujet de James et me rendait bien compte de la jalousie et la paranoïa dont je faisais preuve dès qu'un homme ne se comportait pas comme je le voulais.

J'ai avoué à James: "Tu es sûr que... Non rien."

James n'a pas percuté que j'avais des doutes, il a attrapé ses affaires en riant et on est montés dans le taxi de ce cher Otto qui nous a déposé à la superbe auberge des parents d'Umberto pour quelques euros seulement.

La chambre était sublime, composée d'un grand lit king size, d'une salle de bains à l'ancienne avec une baignoire posée à même le sol au milieu de la pièce ainsi que d'une vue imprenable sur Rome depuis une grande terrasse privative.

Inquiète, j'ai demandé à James le prix de six nuits dans une auberge aussi raffinée.

Il m'a juste répondu de ne pas m'inquiéter, qu'il se chargeait de payer.

Gênée, j'ai refusé (ben oui, s'il me paye l'hôtel, je vais devoir lui payer tous les restos et je n'ai pas les sous).

Il a insisté en me disant qu'il avait les moyens, que ce n'était rien pour lui.

J'ai décidé de mettre les pieds dans le plat: "Ecoute, je suis mal à l'aise. J'ai un budget ridicule. Tu as déjà payé les billets d'avion et l'hôtel à l'aéroport, je me sens comme un gros boulet. Je n'ai pas les sous pour me payer des grands restaurants. Et encore moins pour t'inviter. Je peux juste payer les cafés durant la journée et les apéros, on se croirait aux restos du coeur..."

Il a ri: "Je sais très bien que tu ne roules pas sur l'or. Je me fiche de tout payer, l'argent pour moi ne représente rien. Tu es là pour t'amuser, oublier Paris et te laisser vivre, ok ?"

Il y a quelque chose de pas net chez James.

Je n'arrive pas à savoir ce que c'est.

Nous avons passé la première après-midi à visiter le Colisée et les environs, après avoir englouti d'excellentes lasagnes et bu un délicieux Chianti.

Le soir, il a voulu me "sortir" et m'a demandé de mettre une robe.

Nous sommes allés dans un grand restaurant, endimanchés de la tête aux pieds.

Pendant le dîner, nous avons enfin ri.

Nous étions excités comme des puces.

Le vin m'a monté à la tête et je me suis sentie désinhibée.

Après le dîner, on a bu des coups dans diverses trattorias en se racontant nos vies et avons regagné l'auberge, non sans mal.

Il faisait un froid de gueux dans les rues de Rome.

En rentrant, j'ai proposé un bain à James.

J'ai ouvertement fait part de mes intentions.

James était gêné, il s'est écroulé sur le lit en riant: "Non, il est tard, je vais dormir."

Agacée, je l'ai rejoins dans le lit.

C'était la première fois qu'on dormait côte à côte.

Emoustillée, je me suis approchée de lui et j'ai commencé à lui caresser le bras.

Il s'est éloigné.

Je lui ai demandé: "Y a un problème ou y a un problème ? Non parce que j'ai l'impression que je te rebute."

Il s'est redressé et s'est assis en soufflant: "Non, pas du tout, c'est juste que je me suis précipité."

- Super... Donc le texto noeud noeud que tu m'as envoyé en me baratinant, c'était du vent ?

- Non, je pense tout ce que j'ai dit. Je te trouve super, drôle, intelligente, belle. C'est juste que... comment te dire ça... je cherche une relation où il n'y ait pas de sexe.

J'ai cru tomber à la renverse.

J'ai bafouillé: "Tu es vierge ou tu es... gay ?"

Il a soufflé, comme s'il était soulagé: "Oui, je suis gay."

Je suis sortie du lit, furieuse et me suis enfermée dans la salle de bains.

Il est venu taper à la porte.

J'ai gueulé: "Va te faire... Rien, laisse-moi."

- Je veux une femme, une femme comme toi, pour pouvoir me marier et avoir des enfants. En toi, j'ai trouvé tout ce que je recherchais et je pensais que tu pourrais comprendre ma situation vu que tu es ouverte d'esprit et indépendante.

- Tu cherches une femme paravent en gros ? Pour ne pas être déshérité par tes vieux et pouvoir garder une crédibilité ?

- Oui, mais le mot "femme paravent" ne me parait pas approprié.

- Pff, ah oui, et t'appelles ça comment ? Tu es en train de m'acheter. Tu m'as menti, tu m'as charmé, tu m'as trimballé ici et ça m'a chaviré le coeur parce que je me suis dit qu'il y avait enfin un homme qui s'intéressait à moi pour ce que j'étais ! Et au final, ce ne sont que des mensonges !

- Je t'aime vraiment Rose mais à ma façon. Sans désir sexuel derrière.

- Ouais, super.... Tu vas passer ta vie à jouer la comédie auprès des autres, à rendre ta femme et tes enfants malheureux, c'est ça que tu veux ?

James a quitté la chambre.

Il n'est pas rentré de la nuit.

Ca m'a laissé le temps de réfléchir: si je veux m'éclater à Rome toute la semaine et profiter de l'argent de James, je devrais lui présenter mes excuses et lui dire qu'il me faut du temps pour réfléchir, comme ça il pensera que je suis peut-être intéressée et m'entretiendra.

Le lendemain midi, il a regagné la chambre, le visage ravagé.

Je me suis excusée: "Ecoute, c'est ta vie, je le respecte. Par contre, il me faut du temps pour réfléchir. Eclatons-nous cette semaine et on verra la suite."

James, soulagé, m'a serré dans ses bras: "Merci."

Il me faisait pitié à vivre dans le mensonge en achetant les gens dans l'espoir te taire sa vraie nature.

Nous avons passé une semaine formidable, j'ai décidé d'oublier tout ce que j'avais découvert et de me faire entretenir.

James m'a emmené dans les plus grands restaurants, m'a offert des vêtements et des chaussures de grands couturiers Italiens, on a visité des tas de musées, d'églises, de monuments, on a mangé, on a bu et on a même réussi à rire.

Nous sommes rentrés hier soir à Paris.

Le trajet du retour a été silencieux, tout comme le vol retour.

Il semblait que James attendait quelque chose de moi, un mot, n'importe quoi.

Arrivée chez moi, je lui ai dit: "Ecoute, j'ai réfléchi durant toute cette semaine et je ne veux pas de cette vie-là. Je ne veux pas être ta femme ni la mère de tes enfants. D'ailleurs, je ne veux être la femme de personne et surtout, ne pas avoir d'enfants. Cette vie que tu proposes aux femmes n'est pas une vie. Tu les aliènes à ta condition, tu les forces à mentir et tu les rendras malheureuses, tout comme tu m'as rendu malheureuse. Tu es quelqu'un de bien et je te souhaite vraiment de trouver une femme mais ça ne sera pas moi, c'est définitif."

James est resté silencieux.

Il ne semblait pas vraiment triste ni étonné, plutôt las.

Je lui ai pris la main: "Mais être ton amie, ça me fait très plaisir."

- Tu m'étonnes...

James m'a souhaité une bonne nuit et a filé à toute bombe.

J'ai bien compris qu'il ne me recontacterait plus jamais.

Il m'a entretenu comme une poule de luxe pendant une semaine pour, au final, essuyer un non ferme et définitif.

M'en fous.

J'ai passé une super semaine, c'est l'essentiel, non ?

Il finira forcément par trouver quelqu'un, il y en a forcément une qui sera ravie de se faire entretenir toute sa vie en échange d'une bague et d'un gamin.

Quant à moi, il est clair que je ne veux plus rencontrer personne, ils ont tous un grain.

Y en a pas un pour rattraper l'autre et je ne me ferai plus avoir.

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
T
je viens de découvrir ton blog et j'ai bien ri au récit de cette escapade romaine!!!
Shoot the stars
  • La vie quotidienne vue depuis le télescope de Rose, future trentenaire dont la vie est rythmée par les échecs amoureux, son travail de promeneuse de chiens pour riches dont la concurrence devient rude et surtout, qui a une vision de la vie bien à elle...
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Publicité